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Le billet de la semaine – Il y a aussi une mode pour les geste vous dit Brenot

Les affiches de Brenot, dont chacune et un événement quand elle parait sur les murs de Paris, montrent toujours une jeune femme à la féminité triomphante.
Ne comprenez pas, par là, qu'il la dote d'avantages agressifs, tout au contraire, ils sont fort discrets, mais il se dégage d'elle une grâce et un «chic» inimitables.
Le grand artiste, que j'ai rencontré à un cocktail, m'a paru tout désigné pour vous parler de «nous», chères lectrices.
« Comment, lui ai-je demandé, concevez-vous ces ravissantes jeunes femmes, et à travers elles, toutes les autres ?»
— Je vois les femmes sous des traits vivants et intelligents ; ma pensée les transpose comme un joaillier taille un bijou dans une pierre brute.
J'attache surtout beaucoup d'importance au charme, aux attitudes qui changent ; il y a des gestes et de nouvelles façons d'évoluer, de marcher, de se tenir, inspirées par le génie de la coquetterie féminine. Chaque époque a son style de maintien, si on peut dire; c'est une question d'optique : la silhouette évolue constamment avec une manière d'être. Je vois les femmes au futur, elles naissent très rapidement sous mon pinceau ; en quelques heures, elles ont 20 ans : je vais leur fait prendre de l'avance. J'avais coiffé de mes modèles sur une affiche avec une queue de cheval, bien avant que Brigitte Bardot n'adopte cette coiffure.
On ne parle pas assez des gestes et des aptitudes en vogue, qui sont, en quelque sorte, l'argot de la mode et que connaissent si bien nos mannequins de haute couture; leur démarche peut paraître un peu outrée par cette espèce de balancement et de déhanchement qui leur sont particuliers, mais demeure très élégante et féminine, comme le sont tous leurs gestes. C'est par fraction de seconde que l'on pourrait, au cours d'une collection, décomposer, saisir la position de leur cou, de leur tête, de leurs mains, de leur bras, de leurs pieds, de leurs jambes. Les gens de théâtre connaissent aussi le secret de se mouvoir, avec grâce et dignité.
Il y a une façon de s'asseoir, de se lever d'un siège, de se présenter, ne fumer une cigarette, qui est agréable à regarder et qu'il est jaune. En 1924, les femmes croisaient très haut leurs jambes, ce qui ne se fait plus aujourd'hui où une femme croise ses jambes modestement.
Il y a quelques impératifs (sans parler de mode) une femme doit observer : debout, elle doit se déhancher légèrement et ne pas mettre ses pieds côte à côte. Ses gestes ne doivent jamais être anguleux, la main ne doit pas être raide, mais toujours arrondie, ainsi que ses bras. Le port de la tête est primordial avec celui du cou. La tête doit être maintenue assez haute et légèrement penchée.
Un objet démodé, périmé, à reléguer au musée Cluny ou dans un coffre fort avec les titres russes : la gaine hermétique, qui fausse la silhouette et lui enlève toute souplesse : je n'ai jamais aimé l'orthopédie. Une femme affligée d'une gaine me fait l'effet d'un être hybride entre le homard et la langouste avec une bonne carapace, qu'il me rappelle c'est horriblement de 1933, qui aplatissait les hanches la poitrine, rendait les femmes informes. J'admets la guêpière qui affine la taille en libérant les hanches.
Une règle indispensable : les femmes petites doit avoir absolument les cheveux très courts et ne jamais porter de grand chapeau si elles ne veulent pas avoir l'air de champignons ambulants et si elles le veulent qu'on aperçoive leur visage.
Parlons un peu de couleur : pas d'ensembles noirs pour les brunes, ce qui fait penser à un enterrement; le noir va avec tout, à condition qu'il ne soit pas seul : n'y a rien de plus triste qu'un marier sans la mariée, uniquement parce qu'il est tout en noir. Il faut avoir quelques audaces et user des couleurs complémentaires : le rose passé va fort bien avec le verre bouteille, le verre avec le violet, certains bleus avec du vert. Le rouge capucine avec le noir, le gris et le rose.
Mais les femmes savent admirablement se mettre en valeur.
Avant de vous quitter, je voudrais vous reparler des attitudes qu'il convient d'avoir pour paraître jeune. Vous me demandiez de les définir. Dites simplement à vos lectrices que nous le subissons inconsciemment et que le cinéma et les journaux de mode sont, à ce sujet, une meilleure source d'exemple.

Le billet de la semaine – Il y a aussi une mode pour les geste vous dit Brenot